Prends place à mes côtés

A ma table tu es le bienvenu

J'aime à te regarder picorer

Dans tous les plats composant le menu

Ta fourchette incertaine pique une pomme de terre

A moins que cela ne soit une carotte

Je t'observe avec ta portion de manières

Tripoter un sauté de pleurotes

Je m'extasie de cet exquis déshabillé

Que tu opères sur une tomate grillée

Ma déglutition s'accélère, les papilles me chatouillent

Une main habile vient de déposer une fine ratatouille

Oh ! comme cela se révèle féérique

Toutes ces petites bouchées en feuilles de brick

Je tourne sans cesse la paille de mon cocktail

Mentalement je décompose une colonie de quenelles

Etendues sur une forêt de salades

Je n'en peux plus de ressentir ma bouche si fade

Alors je m'empare d'une brochette

Et avec cet instrument, je pique toutes les assiettes.

Profondeurs - Sandrine Le Lay

Bonsoir Monsieur le Diable

Vous ne pouvez imaginer

Combien votre présence m'est agréable

En cette fin de journée

Si épouvantable !

La plèbe me sâoule

Vous, vous écoutez et gobez

Mes paroles qui s'écoulent

Et qui vous enroulent

Dans un délir de colère

Sans que jamais

Le désir de satiété ne s'opère

Vous, le diabolique

Mon ami,

Qui me tenez la main

Dans cette scène pathétique

Où petit à petit

Je m'endors jusqu'au matin

Profondeurs - Sandrine Le Lay

Votre comportement  m'est  antipathique

Pourquoi me scrutez-vous de si haut ?

Que signifie ce regard cynique ?

Nul doute, vous interprétez ce héros,

lequel vous colle à la peau

Où donc allez-vous si mal chaussé,

emmitouflé dans ce manteau

qui retient si peu votre personnalité ?

Ne suis-je pas suffisamment fortuné

pour percevoir,

ne serai-ce qu'un semblant d'attention ?

Ne daigneriez-vous pas m'accorder

un si mince espoir,

une infime part de considération ?

Sauriez-vous m'analyser,

moi, l'intrus qui vous salue ?

Pourriez-vous m'aimer,

moi, l'être qui n'appartient pas à votre cercle ?

Vous y aventurer nuirai à votre

délicate réputation.

Cessez donc de me réprimander

du regard !

Cessez donc de répudier ma présence !

Vous régnez de si haut, et je suis si bas.

Ne redoutez-vous pas la chute ?

Une magnifique et interminable chute ;

non que je l'aurai désirée, mais nous

pourrions en partager le bénéfice.

Peut-être, vous tendrai-je une main

dans ces bas-fonds ?

Peut-être l'accepterez-vous ?